Les bienfaits pour la santé attribuables à la fréquentation des espaces verts sont de mieux en mieux documentés. À tel point que des médecins prescrivent désormais du « temps en nature » à leurs patients. Toutefois, pour garantir l’efficacité de ce type de « médication », il faut qu’elle soit facilement accessible. Et les municipalités ont justement un rôle crucial à jouer, dans ce que l’on pourrait appeler la « posologie » des espaces verts.
Au printemps 2022, des médecins québécois lançaient le collectif Prescri-nature, un programme en « prescriptions d’exposition à la nature basé sur des données probantes ». Aux yeux de ce collectif, la fréquentation de la nature doit-être considérée comme un pilier de la santé au même titre que le régime alimentaire, le sommeil et l’exercice physique.
Rappelons que l’intérêt des chercheurs pour cette « prime nature » débute dans les années 1980 au Japon. À l’époque, l’Agence des forêts japonaise souhaitait que ses concitoyens adoptent les promenades en forêt comme une véritable hygiène de vie. De là est né le terme Shinrin-Yoku que l’on traduit par « bain de forêt ».
Avec la multiplication des études, on a pu constater que la fréquentation des espaces verts était associée à une diminution du stress, un meilleur bien-être mental, une qualité accrue du sommeil, des performances cognitives supérieures, une baisse de la pression artérielle, une augmentation du nombre de cellules tueuses qui luttent contre le cancer ainsi qu’une réduction des maladies cardiaques, du diabète et de l’asthme...
Pas étonnant que des médecins américains aient commencé, il y plus de dix ans, à signer des « prescriptions nature » à leurs patients. Une pratique qui a ensuite traversé la frontière pour donner naissance à l’initiative PaRx, de la BC Parks Foundation, et dont s’inspire justement Prescri-nature.
Le plein air de proximité
Afin de pouvoir profiter des bienfaits « santé » de la nature, il faut bien sûr y avoir accès. Selon la Pyramide du contact avec la nature et du continuum plein air, on peut vivre un contact intense avec la nature en optant, par exemple, pour une destination internationale, comme le Grand Canyon. Mais il s’agit là d’un type d’expérience qui se vit, en moyenne, une fois par année. En revanche, dans les parcs nationaux, la fréquence des visites peut aisément devenir mensuelle. Et dans les parcs régionaux, disons hebdomadaires. Or, seuls les parcs municipaux, en raison de leur proximité, sont en mesure d’offrir un contact au quotidien avec la nature. C’est tout l’avantage d’avoir une pharmacie à portée de main !
Signe des temps, une nouvelle règle empirique pour la foresterie urbaine et le verdissement urbain vient de faire son apparition. C’est la règle 3-30-300. Elle stipule que :
- chaque citoyen devrait être en mesure de voir au moins 3 arbres (de taille décente) depuis son lieu de résidence;
- l’indice de canopée (la couverture du feuillage des arbres) devrait être de 30 % dans chaque quartier;
- tous les résidents devraient habiter à 300 mètres ou moins d’un parc d’une superficie minimale de 1 hectare.
Si les municipalités étaient en mesure de répondre à ces exigences, que l’on pourrait qualifier de minimales, on peut parier que l’état de santé de leur population irait en s’améliorant. Et que la qualité de vie de toutes et tous n’en serait que meilleure, notamment grâce à la réduction des bruits urbains et des îlots de chaleur. De leur côté, les administrations municipales pourraient tirer profit des nombreux services écosystémiques que rendent les espaces naturels. Ce qui, dans un contexte de transition écologique, prend une importance d’autant plus cruciale.
Pour toute ces raisons, et bien d’autres, il devient évident que nous devons prendre soin de la nature qui nous environne, et de lui redonner de l’espace. D’autant plus que, en retour, cette nature va prendre soin de nous ! Bref, les prescriptions nature sont aussi bonnes pour la santé environnementale que pour la santé humaine !
Pour en savoir plus, consultez les documents suivants :
- Le plein air de proximité: un outil pour le développement local et municipal
- Prescri-nature: les espaces verts à la rescousse de notre santé mentale
- L’exercice vert: puissant tonique de la santé globale
- Le plein air de proximité: un outil pour le développement local et municipal !
Ou visionnez le webinaire Prescri-Nature : une approche innovante pour la santé globale